Amstrad CPC 664 (Amstradeus)
L’histoire :
Le CPC 464 est le succès que l’on connaît. Les logiciels commençaient à se développer à une vitesse fulgurante. Les périphériques aussi. D’ailleurs, Amstrad avait conçu le DDI-1, un lecteur de disquettes au format original 3″. Allez, on parle de la polémique tout de suite, car oui, il y a bien eu polémique.
Le 3″ est en effet un format exotique. Le 5″1/4 régnait alors en maître et le 3″1/2 commençait à se faire un nom, surtout depuis qu’Apple avait, avec son Macintosh, fait confiance à la création de Sony. Mais en Angleterre, d’autres machines utilisaient le format développé par Hitachi : Oric et Tatung en sont les meilleurs exemples.
Ce format permet d’avoir une disquette double-face de 170 Ko par face, soit 340 Ko au total. C’est une disquette robuste, dû à sa coque très solide. Mais, et c’est la que la firme de Brentwood aura du mal à se justifier, c’est une disquette peu suivie et qui connaîtra de grosses difficultés d’approvisionnement. Alors, pourquoi avoir choisi ce format ?
Le lecteur “à la française”
D‘après vous ? Ben oui, forcément… pour une raison de coût. Amstrad avait eu l’opportunité de bénéficier de prix très serrés sur un gros, gros lot de lecteurs 3″ par Hitachi qui souhaitait relancer son bébé et le soutenir pour l’imposer sur le marché. . Sugar, expert des achats en extrême-orient (de son temps en Hi Fi) avait sauté sur l’occasion. Après tout, Tatung et Oric avaient bien choisi ce format, alors pourquoi pas lui. Donc, quand il fallut commercialiser un lecteur externe pour le 464, le constructeur japonais remporta le marché. De plus, Sugar ne s’embarasse pas de problèmes tels que la “standardisation”… du moins, pas encore…
C‘est William Poel qui eut l’idée du 664. Comme il le dit lui-même, c’était une évolution naturelle. L’histoire veut qu’il ait découpé un 464 pour y insérer un lecteur de disquettes (le DDI-1, lancé en même temps que le CPC 464). Sugar aurait d’ailleurs été assez étonné par ce montage qui se révèlera être la prochaine machine d’Amstrad.
La machine sortira en Mai 1985. A l’époque, il n’y avait pas encore beaucoup de machines équipées d’un lecteur de disquettes. Sugar était certain du succès, et surtout il souhaitait préparer l’invasion d’un autre marché : le professionnel.
Et la encore, Amstrad fait un carton. Et pour cause. Au même moment, aucun constructeur ne proposait une machine avec lecteur intégré. Si, Apple. Mais le Mac coûtait tout de même la bagatelle de 25 000 F ! On est loin des 3990F du CPC 664 avec son moniteur monochrome…
Et pourtant le CPC 664 ne connut qu’une vie éphémère. Pire : à sa sortie les gens d’Amstrad savaient qu’il allait être remplacé. En Mars 1985, Bob Watkins annonçait à Alan Sugar que le prix des mémoires 64K continuait à baisser de façon fulgurante. Et Watkins de suggérer la commercialisation d’un CPC équipé de 128 Ko. Oui, mais voila… la production du 664 a débuté. Pourtant, le passage à 128 Ko est tentant.
Et ce pour plusieurs raisons :
– Le look du 664 est raté. C’est du moins ce qui se dit chez Amstrad*
– Les américains étaient à l’époque portés sur les 128 Ko. Et Sugar préparait son entrée sur le marché américain.
– 64 Ko n’étaient pas suffisants pour faire tourner des applications professionnelles dignes de ce nom.
* Bob Watkins dit dans le livre de David Thomas qu’il n’aimait pas du tout le look du 664. Et avant même sa sortie, il demanda au designer de chez Amstrad de redessiner le tout afin d’obtenir un résultat plus fluide et plus compact.
Amstrad décide donc de stopper la commande de pièces spécifiques au 664. Watkins ayant déjà parlé du projet à MEJ, qui n’y voyait aucun problème, tout le monde s’attela donc au plan de communication, car il allait falloir justifier cet arrêt soudain.
L‘annonce du 6128 fut faite en Août 1985 et généra beaucoup de ressentis à la fois des acheteurs du 664 et des revendeurs. Mais c’était du Amstrad à 100% : vite, direct et essentiel. Sugar dira de cette mésaventure :
“Tant pis pour les acheteurs du 664, tant mieux pour ceux du 6128”. Du Sugar, quoi…
La Technique :
Avant tout, sachez que le nom de code du 664 était IDIOT (Insert Disc Instead Of Tape) – celui du 6128 sera Big Idiot 😉
– On reprend les mêmes et on recommence
Ben oui. Pourquoi changer une équipe qui gagne. On reste sur du bon vieux Z80, le Gate Array est toujours présent et l’ensemble est toujours aussi soigné. Seul le lecteur de cassette laissera sa place au lecteur de disquettes.
Côté capacités graphiques, on en reste au même point. Pareil pour le son. On est donc sur du 100% compatible, la compatibilité étant ascendante.
– Le Basic :
Les différences se situent aussi à ce niveau. Beaucoup regrettaient l’absence de certaines commandes, telles que FILL, CURSOR (affichage du curseur), MASK (colorie en pointillés) par exemple. Locomotive put résoudre ces problèmes. Il y a également une meilleure gestion des interruptions machines. Toutefois, toujours pas de sprites hardware et donc toujours la même difficulté à programmer cet aspect bien précis.
Le clavier :
Même principe que pour le 464. On change les couleurs par du bleu et les touches de direction sont horriblement grosses et imposantes. A noter, une membrane clavier des plus fragiles. Mais comme pour son grand frère, faisons un tour de concurrence :
Le 664 a par contre été doté d’une membrane clavier des plus fragiles. Il s’agit du problème le plus courant sur ce modèle. Les symptômes sont des touches qui ne répondent pas (souvent par rangée). Il n’y a guère de solution durable.
Certains stylos spéciaux permettent de recréer les contacts sur la membrane, mais le résultat est moyen car les problèmes reviennent vite. Les nouvelles membranes sont introuvables. Donc si vous avez un CPC 664 avec un membrane en état, gardez le précieusement.
Le pavé numérique et le pavé curseur
Les différents modèles :
Il existe plusieurs modèles de CPC 664 :
D’abord les modèles Amstrad :
– CPC 664 QWERTY
– CPC 664 AZERTY
Modèles Schneider :
– CPC 664 QWERTY
(c) Charles da Silva – 2003
Sources : David Thomas “Alan Sugar”
François Quentin “Ces ordinateurs sont dangeureux”
William Poël, Richard Clayton dans leur interview respectives sur le site